Pesticides : la guerre est enclenchée ?

Avec 60 000 tonnes de pesticides vendues en France chaque année, notre pays est le troisième consommateur mondial de produits phytosanitaires. Alors que le tribunal a reconnu comme maladie professionnelle le cancer d’un docker, l’INSERM a rendu public trente ans de données sur l’impact des pesticides sur la santé.

Début décembre, le Tribunal des affaires de Sécurité sociale (Tass) de Nantes a reconnu le cancer d’un docker du port de Nantes Saint-Nazaire, décédé en 2011 à l’âge de 56 ans, comme maladie professionnelle. Le Tass a estimé que la multi-exposition aux poussières et à des produits toxiques et cancérigènes de Jean-Luc Chagnolleau, qui a commencé sa carrière de do­cker en 1975 et est décédé en septembre 2011 d’un cancer du rein et de la thyroïde, « a eu un rôle causal direct et essentiel dans la survenance de ses pathologies ».


De plus en plus de données

D’une part, cette reconnaissance est une véritable victoire puisqu’elle fera jurisprudence ; d’autre part, elle fait écho à une synthèse de données scientifiques sur l’impact des pesticides sur la santé, que vient de publier l’ Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Ce que dévoile cette synthèse, c’est que l’utilisation massive des pesticides génère des expositions chroniques (professionnelle et non professionnelle) dont l’impact sur la santé, même à faible dose, suscite d’évidentes inquiétudes.

Ces données montrent « une présomption forte » de lien entre une exposition professionnelle et non professionnelle aux pesticides et les lymphomes non hodgkiniens, les myélomes multiples, les cancers de la prostate et la maladie de Parkinson. La présomption est forte quant à l’effet d’une exposition des femmes pendant leurs grossesses, et de l’exposition pendant l’enfance, sur la survenue de leucémies chez les enfants. Idem entre l’exposition des enfants in utero et la survenue de tumeurs cérébrales, malformations et troubles du développement neurologique.

S’il est facile d’alerter, proposer des solutions n’est pas chose aisée. Mis à part inciter les agriculteurs à prendre eux-mêmes la mesure des dangers auxquels ils s’exposent et de « trouver les moyens de se protéger », et inciter les femmes enceintes et à ne pas utiliser de produits phytosanitaires à domicile, rien de nouveau sous le soleil.



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