Les végétaux guérisseurs face au virus de la grippe

Parmi les centaines, voire les milliers de virus dangereux pour l’homme, ceux de la grippe sont assurément les plus redoutés ; n’ont-ils pas déjà causé des dizaines de millions de morts de part le monde depuis le début du XXe siècle !

En réalité, le plus redoutable des virus grippaux est l’influenza virus A, responsable dans l’hémisphère nord de poussées épidémiques chaque automne et hiver, causant la mort de milliers de personnes, dont au moins trois mille en France ! Chiffre le plus souvent méconnu, mais réel.

Ce qui veut dire que les petits foyers de grippe A du printemps dernier et de cet été, à l’origine d’un battage médiatique à l’évidence démesuré – mais précautions obligent – ne sont rien par rapport à la possible pandémie annoncée cet automne.

Pourquoi donc ce virus est-il aussi difficile à contrôler ?

Une des raisons est que chaque année celui-ci change ses moyens d’attaque disposés sous forme de spicules sur son enveloppe et que les scientifiques appellent antigènes de surface, les fameuses hémagglutinines (H) et les neuramidases (N). Ainsi le dernier-né, le virus de la grippe mexicaine ou porcine, a-t-il été dénommé H1N1, et le précédant, le virus de la grippe aviaire, H5N1. Globalement, on connaît assez mal le mécanisme des pandémies. Selon les récents travaux menés par des chercheurs chinois qui se sont penchés sur les trois grandes pandémies grippales du XXe siècle, les trois souches à l’origine des grippes de 1918, 1957, 1968 auraient résulté de multiples recombinaisons et ce plusieurs années avant l’émergence et l’identification des pandémies.

D’une part ces recombinaisons annuelles rendent le virus plus ou moins virulent et d’autre part la protection vaccinale n’en est que plus difficile ; raisons pour s’orienter vers d’autres voies de prévention, en particulier pour les personnes âgées, dont le système immunitaire est nettement moins fonctionnel. Paradoxalement, ce sont les jeunes et les adultes qui ont été les plus touchés par cette nouvelle épidémie, démarrée à contretemps. Les complications de la grippe sont parfois préoccupantes. Les surinfections pulmonaires à bactéries très pathogènes sont redoutables quand elles interviennent sur des terrains fragilisés. Depuis le début de l’épidémie aux États-Unis, on a constaté chez les femmes enceintes un risque accru de ces complications.

Comment se prémunir ?

Les lymphocytes dits tueurs, que les Anglo-Saxons appellent « natural killers » (NK) sont les meilleurs agents d’une immunité participant de façon non spécifique à la défense de l’organisme, en particulier au cours des infections virales. Leur faible activité chez les personnes fragiles ou âgées les rend beaucoup plus vulnérables. Aussi, le fait de remonter le niveau des défenses naturelles en stimulant ces lymphocytes représente-t-il un avantage certain. Ce qui n’empêche cependant pas la contamination, mais augmente les chances d’être moins touché par la grippe.

Une équipe de chercheurs a découvert assez récemment le rôle activateur d’une banale molécule, le trans-bêta-caryo­phyllène, ainsi baptisée car trouvée la première fois dans le clou de girofle, Caryophyllus aromaticus L. C’est ce composé qui rend aussi précieux les extraits aromatiques de bourgeons de cassis, Ribes nigrum, bien connu. On peut y ajouter des extraits lipophiles de grains de poivre, et donc sans substance piquante, tout aussi intéressants.

Une autre façon complémentaire de renforcer les défenses immunitaires générales au tout début d’une épidémie passe par l’activation des cellules macrophagiques, dont un des rôles majeurs est d’éliminer les cellules infectées par les virus.

L’activité des macrophages peut être stimulée par plusieurs catégories d’actifs végétaux, en particulier par les bêta-glucanes. Ces composés sont les constituants de certaines fibres alimentaires, présentes en particulier dans les levures et les champignons, telle que la banale levure de boulanger (Saccharomyces cerevisiae ssp. boulardii), le pachyme, ou Poria cocos (Wolfiporia extensa), ou encore le pleurote (Pleurotus ostreatus). À côté des bêta-glucanes, citons également les polysaccharides de l’échinacée, Echinacea angustifolia, et la laminarine, fibre alimentaire extraite de l’algue laminaire Laminaria digitata.

Il est impossible enfin de ne pas mentionner l’encens, Boswellia carterii, dont l’usage, à juste titre, a traversé les siècles et les continents. Même si les détails de leur mode d’action restent à préciser, les extraits aromatiques de cette oléorésine sont assurément des plus bénéfiques.

Par ailleurs, il est recommandé d’assurer quotidiennement son content de vitamine C végétale et de magnésium naturel.

En cas de contamination

Malgré ces précautions, la contamination reste possible. Dans ce cas, quels sont les moyens d’action ? Bien sûr, il y a le Tamiflu, dont on nous rebat les oreilles, produit d’hémisynthèse issu d’une plante, l’anis étoilé, aussi appelé badiane de Chine, Illicium verum. Mais on constate d’ores et déjà certains terrains de résistance tandis qu’une étude anglaise publiée dans le British Medical Journal souligne les effets néfastes du médicament lorsqu’il est administré à des enfants.

Mieux vaut donc se tourner vers d’autres solutions : celles offertes par le monde végétal sont suffisamment documentées pour être utilisées. En premier lieu, les baies de sureau noir, Sambucus nigra, en dehors des savoureuses confitures que l’on peut en faire, s’utilisent sous forme d’extraits riches en pigments, des flavonosides et des anthocyanosides, très actifs contre les virus A et B.

Autre parade : tapisser les muqueuses respiratoires hautes, celles du rhino-pharynx, avec des substances aromatiques visant à enrayer la propagation du virus. L’inhalation d’huiles essentielles et de vapeur d’eau chaude, à l’aide d’un inhalateur classique, est une des méthodes les plus simples et les plus efficaces. Parmi les huiles essentielles apportant un bienfait immédiat et reconnues pour leur activité antigrippale, citons celle de pin sylvestre, Pinus sylvestris ssp. sylvestris, utilisable à tout âge, et celle de lavande aspic, Lavandula latifolia, dont l’usage est déconseillé chez les jeunes de moins de 6 ans.

La voie cutanée peut être également utilisée, car le temps nécessaire pour que les molécules aromatiques arrivent au niveau des voies respiratoires est très court (de 20 à 60 minutes). Aux huiles essentielles contenant de l’eucalyptol, comme celles d’Eucalyptus radiata ssp. radiata et de niaouli, Melaleuca quinquinervia chémotype 1,8-cinéole, qui sont déconseillées aux enfants de moins de 6 ans, il est préférable d’opter pour une huile essentielle d’Homalomena aromatica riche en linalol, virucide et très bien tolérée par la peau et l’organisme (le pourcentage incorporé dans une huile de massage pour le thorax ne doit pas excéder 3 %). Pour un massage de la plante des pieds, le pourcentage peut être plus élevé, de l’ordre de 5 %, y compris avec des huiles essentielles contenant de l’eugénol, extrêmement virucide. L’huile végétale la plus recommandée pour la préparation est celle de bancoulier (Aleurites moluccana), à pénétration rapide elle laisse la peau non grasse.

Les trois niveaux de défense

  • Renforcer les défenses naturelles de l’organisme

    Faire des cures alternées de compléments alimentaires à base de baies de sureau noir, de baies d’acérola, de bourgeons de cassis, de bêta-glucanes…
     
  • Reconnaître la maladie
    Relever plusieurs symptômes, d’ailleurs non spécifiques, survenant dans un contexte d’épidémie automnale ou hivernale, à savoir principalement : des frissons initiaux, une fièvre élevée en plateau durant 24 à 48 heures, des céphalées fronto-orbiculaires avec photophobie et hyperhémie conjonctivale, de l’asthénie avec prostration et surtout des douleurs musculaires, ou myalgies, et des courbatures ; s’y associent une sécheresse des muqueuses nasopharyngées, ainsi qu’une toux sèche, suivies d’un écoulement nasal muqueux, ou rhinorrhée.
     
  • Combattre la propagation du virus dans les voies respiratoires
  • Prendre plusieurs compléments alimentaires différents du type baies de sureau, d’acérola, extrait de radis noir...
  • Pratiquer 2 ou 3 fois par jour une inhalation de vapeur d’eau aromatisée à l’aide de quelques gouttes d’huile essentielle de pin sylvestre ou d’une spécialité pour cet usage.
  • Pratiquer 2 ou 3 fois par jour un massage du corps à l’aide d’un mélange comme décrit ci-dessus. 

Ces informations concernent les adolescents, les adultes et les personnes âgées, elles nécessitent d’être adaptées chez les jeunes enfants. Chez ces derniers, les massages ne devront en aucun cas être pratiqués avec des huiles essentielles contenant du camphre, de l’eucalyptol ou du menthol.

Pierre Franchomme, aromatologue et pharmacologue

 

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