Mauvaises graines

En me promenant dans mon quartier, je suis tombé sur la devanture d’une grande pharmacie, dans laquelle, dans un coin bien agencé façon Louis la Brocante, on peut lire sur une pancarte : « Nouveau, une vraie herboristerie dans votre pharmacie, faites vous-même vos mélanges. » Ainsi donc, de nos jours, une « vraie herboristerie » serait une sorte de self-service, un endroit convivial et sympa où, panier sous le bras, on ferait son petit marché de plantes médicinales en toute insouciance. Pensez, puisque c’est naturel, ça ne peut pas faire de mal.

Comment un savoir ancestral, empirique, sanctionné par un diplôme officiel créé en 1778 et pour lequel une école nationale d’herboristerie vit le jour en 1927 en est arrivé à un tel état de déliquescence ? Par la loi du 11 septembre 1941 relative à l’exercice de la médecine adoptée par le gouvernement de Vichy. Cette loi a supprimé d’un trait de plume le métier d’herboriste au profit – et à la demande – des pharmaciens. Ainsi, les descendants des apothicaires ont-ils obtenu le monopole de la vente des plantes médicinales. Quant aux conseils qu’ils sont censés prodiguer, avouons que leur qualité est généralement bien médiocre, faute de formation, voire d’intérêt.

De 4 000 (ou 4 500 selon les sources) avant 1941, le nombre d’officines en France est tombé à 300 en 1980 et à 15 aujourd’hui. Une situation inversement proportionnelle à nos voisins européens, Allemagne, Royaume-Uni, Italie… où l’on compte encore plusieurs milliers d’herboristeries. Des hommes politiques se sont penchés sur cette question, tel Jean-Luc Fichet qui a bien tenté de déposer un projet de loi rétablissant le diplôme d’herboriste en 2011. Mais le projet est resté lettre morte. Croisons les doigts en ajoutant : pour l’instant. Car, pendant que ma pharmacie de quartier invite stupidement tout un chacun à faire lui-même son choix de plantes médicinales, Michel Pierre, qui exerce à l’Herboristerie du Palais-Royal, dans le Ier arrondissement de Paris, a été condamné par la cour d’appel de Paris en avril  2013 à verser 2 000  euros de frais d’avocat, au titre de l’article 700, pour exercice illégal de la profession de pharmacien. Un exemple parmi des centaines d’autres. Pour l’heure, c’est toujours un décret datant d’août 2008 qui régit le commerce des plantes médicinales. Ce dernier n’autorise la vente que de 148 plantes. Un choix ridicule devant ce qu’offrent la nature et ceux qui en ont la science.

Alors que faisons-nous ? Cautionnons-nous ces pharmacies qui nous invitent, à faire nous-mêmes notre petit marché dans ses rayons ? Ou agissons-nous ? Nos confrères de Plantes et Santé ont lancé sur l’internet une pétition pour que soit recréé le métier d’herboriste. Ils ambitionnent 500 000 signatures pour que l’expression citoyenne crée le miracle qui consiste à rendre l’ouïe à des gouvernements frappés de surdité sur cette question. Si vous souhaitez signer cette pétition, soutenir cette ambition et exprimer votre désir de vous soigner autrement et naturellement, vous trouverez toutes les informations sur la page Facebook de Principes de Santé.


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