Le diététicien intérieur (+ témoignage)

On se préoccupe beaucoup, à l’heure actuelle, de définir des règles diététiques. Mais on a tendance à oublier que chaque être humain est unique et que ses besoins alimentaires varient constamment en fonction de nombreux paramètres : activité, conditions climatiques, humeur du moment… On a aussi oublié que notre corps peut être notre meilleur guide dans ce domaine.


Comment adapter son alimentation à ses besoins spécifiques ? Même si les analyses médicales peuvent fournir des indications précieuses, elles ne peuvent remplacer le meilleur guide qui soit, le corps lui-même. Malheureusement, chez l’homme moderne, celui-ci a souvent bien du mal à se faire entendre. Alors que n’importe quel animal sauvage sait exactement quelle herbe il doit manger, à quel moment et en quelle quantité, l’homme a parfois besoin qu’on lui dise combien d’eau il doit boire chaque jour…

La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de réveiller cette « voix du corps » afin que l’organisme soit à nouveau capable d’exprimer clairement ses besoins. C’est ce qu’expérimentent les personnes qui pratiquent ce que l’on appelle « mouvement régénérateur » : au cours des séances, elles coupent toute activité volontaire et donnent carte blanche aux réactions spontanées de leur organisme. Celles-ci pourront être très diverses (mouvements, remontées d’émotions…), mais elles auront toutes, par la suite, un effet régulateur.

Les pratiquants remarquent ainsi que leur corps retrouve peu à peu sa sensibilité et sa réactivité, les deux fondements d’une santé autonome. Il redevient capable de détecter les anomalies et de déclencher de lui-même les réactions appropriées à leur régulation.

Envies de femme enceinte

Au niveau de l’alimentation, c’est cette resensibilisation qui permet le réveil du « diététicien intérieur » qui sommeille en chacun de nous. Ainsi, un pratiquant – un homme, pourtant ! – rapporte qu’il connaît parfois ces fameuses « envies de femme enceinte » qui illustrent parfaitement la capacité de l’organisme à faire connaître ses besoins d’une manière précise et impérieuse. Il arrive alors que l’image d’un aliment particulier lui traverse l’esprit de manière récurrente au cours de la même journée. Il en a été, au début, d’autant plus surpris que les aliments en question ne faisaient absolument pas partie de ceux qu’il avait l’habitude de consommer : la première fois, il s’agissait de moelle, et la deuxième d’anchois. En analysant un peu les choses, l’image de la moelle était apparue à un moment de grande fatigue (c’est sans doute un des aliments les plus riches qui soit) et celle des anchois le lendemain d’une épreuve de course à pied de vingt kilomètres (besoin de se recharger en sel notamment). Ces images ont disparu dès que les déséquilibres ont été régulés.

Un deuxième cas très révélateur est celui de cette femme qui, pendant une phase d’intense réajustement interne, n’a quasiment pu manger, pendant dix semaines, que du persil agrémenté de jus de citron !… Comme elle le raconte dans son témoignage « Grand nettoyage de printemps »*, ce besoin était impératif, et il a cessé d’une manière aussi soudaine qu’il était apparu. À la suite de cette période où les demandes de son organisme ont été complètement respectées, elle a constaté la disparition de très vieilles douleurs, tant physiques que psychiques, et, comme par hasard, la vie a recommencé à lui sourire…

À noter que les « envies de femme enceinte » que nous venons de citer sont toutes apparues à des moments où, pour une raison ou pour une autre, les besoins de l’organisme étaient plus aigus qu’à l’accoutumée. Mais l’expression instinctive de ces besoins se manifestera aussi, d’une façon moins spectaculaire, au quotidien. C’est ce que peuvent constater les pratiquants du mouvement régénérateur. Quand le corps a ainsi retrouvé sa voix, les choix alimentaires deviennent beaucoup moins problématiques. On aura en revanche plus de mal à suivre des contraintes diététiques strictes si, à un moment donné, le corps réclame autre chose. Un couple « soi-disant végétarien » me racontait un jour comment ils avaient mangé la veille un poulet à deux, avec le plus grand plaisir et sans la moindre culpabilité !

Certaines personnes s’étant imposé depuis parfois des années des règles alimentaires drastiques redécouvrent alors un délicieux sentiment de liberté qui, soit dit en passant, ne peut être que bénéfique à la santé !

Réguler les excès

Les pratiquants du mouvement régénérateur se sentent généralement plus vite incommodés qu’auparavant s’ils mangent trop de graisse ou de sucre. Alors qu’ils peuvent trouver le même fromage excellent pendant deux jours de suite, le troisième jour, il est perçu comme trop gras, signe que leur corps en a assez. Même chose pour le sucre. Ces mêmes personnes constatent qu’elles perçoivent maintenant beaucoup plus nettement quand elles ont assez mangé. L’une d’elles rapporte qu’un jour où elle avait fait un excès, elle a gardé pendant vingt-quatre heures la même sensation d’estomac rempli que si elle venait de sortir de table. Une sorte d’« anneau gastrique instinctif »…

Denis Emonet
praticien du mouvement régénérateur www.ecoledenisemonet.com.


*« Grand nettoyage de printemps » : le témoignage d'une de nos lectrices qui habite à Avignon.

 « j’observe une modification radicale de mon alimentation. En fait, après le stage de Lyon, je n’ai quasiment rien mangé pendant deux semaines. Je ne pouvais rien manger, d’ailleurs je n’avais pas faim. Ni manger, ni boire, rien. Les seuls aliments que mon diététicien intérieur m’autorisait et même réclamait de manière impérative étaient du jus de citron, du persil, de la salade verte, du jus de carottes, en toutes petites quantités. Les aliments devaient être très frais, voire glacés. Au bout de quinze jours, j’ai commencé à pouvoir manger un peu plus, mais ces aliments sont restés la base de mon alimentation. C’était un besoin quasi obsessionnel : j’aurais fait des kilomètres pour trouver du citron et du persil, c’étaient surtout ces deux aliments dont j’avais un besoin viscéral. Je mangeais des salades de persil au jus de citron. Je buvais un litre minimum de pur jus de citron dans la semaine. Au régime de départ se sont ajoutés un peu de yaourt à la consistance impérativement onctueuse (yaourt de chèvre ou yaourt de brebis à la grecque - je n’avais pas mangé de yaourt depuis des mois ou des années) et de la feta de brebis (aucun autre fromage, je ne voulais que celui-là), ainsi qu’un peu de pain. Le riz, qui était généralement la base de mon alimentation, me donnait presque la nausée, ainsi que les pâtes. En revanche, mon régime était plus végétarien que jamais : la seule évocation d’un morceau de viande me soulevait le cœur, ainsi que la vue d’un paquet de sucre.

Cela a duré comme ça pendant environ dix semaines. Et puis un matin, sortant ma bouteille de jus de citron du réfrigérateur pour prendre « ma dose », je réalise que je n’en ai plus besoin. J’en ai toujours envie, parce que j’aime le citron, mais voilà, ce n’est plus ce besoin impérieux, juste le goût d’une bonne chose. Pareil pour le persil : je n’avais plus du tout envie de le manger tout seul en salade. J’ai ainsi repris spontanément une alimentation à peu près normale du jour au lendemain, à ceci près que le riz me dégoûte toujours un peu, alors qu’il a constitué la base de mon alimentation pendant des années, et que je mange plutôt des petites quantités (je sens rapidement que mon estomac dit « Stop ! », même en ayant parfois très peu mangé, indépendamment du type d’aliments que j’ai ingérés – je n’étais déjà pas spécialement une grosse mangeuse avant, mais maintenant j’ai besoin de manger encore moins ».


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