• Les régimes célèbres

Le pauvre bilan des régimes célèbres

Certains régimes ont frappé les esprits, soit parce qu’ils semblent se fonder sur des éléments scientifiques incontestables, soit parce qu’ils ont été suivis avec succès par des personnalités, soit enfin parce qu’ils s’appuient sur une croyance, quasi religieuse. Mais au final, parmi les régimes les plus connus, aucun n’atteint vraiment le but recherché. Pire, certains mettent en danger votre santé.


Les régimes hypocaloriques

Les régimes hypocaloriques sont l’une des formes les plus anciennes de régimes. Leur fondement est simple : pour obtenir une perte pondérale rapide, une restriction sévère est prescrite (jusqu’à 600 kcal par jour au lieu des 1 700 à 2 200 selon le sexe). Des médicaments sont même associés à ce type de régime pour accélérer l’amai­grissement (diurétiques, extraits thyroïdiens, anorexigènes). Ils sont aujourd’hui reconnus comme dangereux, même sans adjonction de médicaments. À maigrir trop vite (jusqu’à 10 kg par mois), des personnes ont déclaré des hépatites mortelles. Ces « cures » facilitent en outre la survenue de calculs biliaires, de crises de goutte.

Le régime « Low-Carb »

Primitivement appelé régime Atkins, ce régime consiste à exclure totalement toute forme de sucres et d’alcools (bière et cidre compris) au cours des premières semaines. Les apports en lipides et protides (graisses et protéines) étant, en revanche, à volonté. L’absence de frustration vis-à-vis des graisses évite le grignotage et favorise la consommation d’eau. En quelques jours, l’envie de manger diminue significativement, du fait de la monotonie des repas. La perte pondérale est rapide et spectaculaire, mais se fait principalement aux dépens de la masse musculaire.

En dehors de la forte haleine acétonée (systématique), d’une fatigue et d’une constipation opiniâtre (fréquentes), il faut surtout redouter une aggravation d’un trouble métabolique déjà existant (hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie) susceptible de favoriser un accident cardiovasculaire (infarctus principalement). À éviter en cas d’antécédent cardiovasculaire, de diabète, de tabagisme…

Le régime dissocié

Il est basé sur la consommation exclusive d’un groupe d’aliments par unité de temps (d’un jour à une semaine), par exemple uniquement de la viande le 1er jour, des légumes le 2e, des fromages le 3e, des fruits le 4e, des œufs le 5e, etc.

Du fait de la monotonie de chaque journée, l’appétit est rapidement et considérablement diminué. Mais c’est comme si on voulait faire fonctionner un moteur de voiture auquel on s’ingénierait à retirer un élément, différent chaque jour : le moteur tomberait rapidement en panne définitive. Ce régime aggrave non seulement les déficits en minéraux et vitamines déjà existants, mais il favorise un vieillissement accéléré.

Le régime Sonia Dubois

Tout est dans la motivation, la discipline et la recherche de plaisir. Le calendrier des repas est établi pour un mois, au bout duquel il est possible de recommencer à zéro, quelle que soit la saison… La répartition alimentaire n’est donc pas ici la priorité, mais plutôt la volonté. Encore faut-il apprendre à cultiver cette volonté pour arriver au résultat escompté car la simple lecture d’un ouvrage ne suffit pas à en acquérir les principes, la présence d’une personne expérimentée à côté de soi est nécessaire pendant un long moment

Le régime Fletcher

C’est peut-être le plus ancien des régimes occidentaux puisque sa parution date de 1903. Et on ne peut plus simple puisqu’il consiste à mâcher chaque bouchée au moins une centaine de fois avant de l’avaler. Et tout ce qui ne peut être réduit à l’état liquide doit être recraché !

Quand au bout d’environ 20 minutes arrive le signal de satiété, la quantité d’aliments consommés est très sensiblement diminuée par rapport à l’habitude. Et l’amai­grissement recherché suit rapidement (parfois jusqu’à 30 kg).

Outre une persévérance hors du commun, il faut abandonner tout désir de trouver du plaisir dans les aliments comme tout espoir de convivialité ! Et ne pas craindre de se créer de nombreuses carences

Les régimes fruits et légumes

Là, ce sont les fruits et les légumes qui sont consommés à volonté tandis que tous les autres aliments sont quasiment exclus.

La perte de poids se fait essentiellement au niveau de la masse musculaire. Il en résulte de façon quasi systématique une fatigue intense et une tendance dépressive. Si, malgré cela, le régime est poursuivi, c’est la masse osseuse qui diminue. Le risque d’ostéoporose, déjà plus élevé chez l’obèse, est donc dans ce cas aggravé.

Les régimes hyperprotéinés (Dukan, Suptiva et autres)

Basé sur le constat que la digestion de 100 calories de protides demande à l’organisme d’en dépenser 18 à 25, alors qu’à apports égaux il n’en dépense que de 4 à 7 pour les glucides et de 2 à 4 pour les lipides, ce type de régime procure un amaigrissement rapidemais temporaire car, 4 à 5 ans plus tard, plus de 80 % des personnes présentent un poids supérieur d’au moins 2 à 3 kg à celui de départ !

Ces régimes nécessitent une importante complémentation en vitamines et minéraux et un nombre important de décès a été enregistré aux USA chez les sujets ayant pratiqué ce type de régime sur le long terme. De toute façon, ce sont des régimes acidifiants qui aggravent le terrain déjà souvent trop acide…

Ce régime doit être évité particulièrement en cas de psychose, de grossesse, d’antécédent d’hépatite, d’insuffisance rénale ou/et cardiaque.

Le régime de la Lune ou le conte d’Andersen

S’il est indéniable que la Lune influence nombre de paramètres de notre vie (les marées notamment), il n’est nullement démontré comme l’affirme son créateur, le Dr Johann Andersen, que suivre un régime d’aliments « dynamisants » en Lune montante et d’aliments « désintoxicants » en Lune descendante correspond à la physiologie humaine.

Lors de ce « régime », comme au cours de tout autre régime déséquilibré, l’organisme cherche à s’adapter. Cela se manifeste par une dépense énergétique accrue les premières semaines, et donc par une perte pondérale… sans lendemain.

Le régime de la Mayo Clinic

Ce régime de courte durée (15 jours) est basé sur une ration très hypocalorique (environ 600 kcal/j), un fort pourcentage de protéines et surtout l’évitement de tout écart. Dès le seizième jour, le retour à un régime normal est recommandé.

Outre une fatigue intense (très fréquente), il expose à un syndrome dépressif parfois sévère avec risque de suicide et à une aggravation du déficit en calcium, en magnésium et en vitamines, déjà souvent présent chez la personne en surpoids.

Le régime préhistorique ou régime du Dr Michael Eades

Selon ce régime, il serait possible de maigrir durablement en modérant les apports en glucides, en augmentant ceux en protéines, en privilégiant les graisses riches en oméga 3 et en pratiquant une activité physique régulière. Très prisé aux USA où il a bénéficié d’expérimentations sérieuses, il est encore assez peu pratiqué en France.

Le sheltonisme ou hygiénisme

Conçu pour les personnes intolérantes à de nombreux aliments (à qui il procure un soulagement indéniable), il est beaucoup employé en cas de surpoids.

Le principe de ce régime est résumé dans les phrases suivantes : « La nourriture idéale de l’homme est celle du singe anthropoïde. Cette nourriture consiste en fruits frais et noix, avec adjonction de pousses vertes et de racines. Et c’est tout. »

C’est nier l’évidence de la divergence des habitudes alimentaires des deux espèces et de ce fait, l’acquisition de patrimoines enzymatiques différents ! C’est également remettre en cause notre lien avec nos lointains ancêtres, les chasseurs-cueilleurs !

L’adoption sur le long terme d’un tel régime expose à des carences multiples, à une dénutrition et à des désordres psychologiques (intransigeance, sectarisme).

Le régime Weight Watchers

C’est un régime hypocalorique moins dangereux que ses homologues car sa particularité est d’autoriser la consommation de tous les aliments (en quantité limitée), d’offrir une diversité des recettes (recherche d’une présentation soignée et d’une saveur agréable) et de proposer un suivi hebdomadaire par le biais d’une thérapie de groupe (dans le but de maintenir la motivation à un niveau suffisant).

Malgré ses trente ans, c’est toujours un régime très utilisé et certainement un des plus sûrs, surtout du fait de la qualité du suivi. Cependant, il présente – à un moindre degré – les mêmes faiblesses que les autres régimes hypocaloriques. Ses autres inconvénients sont le coût des réunions (10 €) et l’acquisition d’un minimum de discipline culinaire

La dernière mode, les régimes « en ligne »

Certaines propositions actuellement disponibles sur internet, connaissent un franc succès… commercial. C’est le cas de la méthode Savoir maigrir, du Dr Jean-Michel Cohen, « expert spécialiste en nutrition ». Ce prétendu régime qui permettrait de perdre 6 kg en 30 jours, serait basé sur la recherche simultanée d’un poids idéal et du plaisir de manger, comme de vivre. En fait, derrière ce mirage se cache un régime hypocalorique on ne peut plus classique (entre 1 200 et 1 400 kcal par jour les premières semaines) auquel est associé un soutien en ligne.

La méthode Slim Data du Dr Yann Rougier

Le principe avancé par ce régime est que, selon leur qualité, les aliments à quantité égale de calories ne sont pas digérés de la même façon. À partir de là, les aliments sont répartis en quatre classes selon leur IMG (index métabolique global) : depuis la zone verte qu’on peut consommer à volonté jusqu’à la zone violette à proscrire totalement, du moins les premières semaines. L’inconvénient de cette méthode est son principe même, la notion d’IMG : une façon personnelle de désigner le fait que la digestion des protides nécessite beaucoup plus d’énergie que celle des glucides et plus encore que celle des lipides. En fait, rien de nouveau sous le soleil…

 

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